…un peu du jardin de rose..

Massoud par Reza
Massoud par Reza

Parce qu’il y a des jours où l’on se souvient.

Oui c’est vrai par ici, on aime se souvenir. C’est un peu malgré nous, ce regard et ces résonances d’un temps à l’autre, d’une ligne à l’autre, d’une note à une autre. Musique.

Il y a des jours où l’on voyage, assis là, à sa table. On s’échappe, on écoute, on sent l’air embaumé de fleurs. On se plait à penser que le monde est autre. Qu’un rien dans l’air, une brise, un parfum de rose et de jasmin suffirait à couvrir leur vacarme. Cela fonctionne le temps, le temps de la musique.

La corde vibre, d’une parole l’autre, d’un frottement l’autre, d’une vérité l’autre, d’un homme l’autre, d’une racine l’autre, peu importe : c’est la même essence. Celle de ce matin dans la maison d’alfée, un 4 août.

Un peu à l’abri des nouvelles, ici, dans le bureau de bois clair, en bordure de périphérique. J’écoute le kamanché, je sens le vent dans les montagnes, j’entends le rire des hommes, je lis des poèmes et je me souviens. Je travaille.

« Dans le jardin des roses, hier, l’aube pointait.
La nuit passée, dans mon ivresse, s’effaçait.
J’étais pareil au rossignol.

Des amis, un flacon de vin, du loisir, un livre, un coin parmi les fleurs…
Je n’échangerai pas cette joie pour un monde, présent ou à venir.

Que m’importent les tulipes et les roses,
puisque par la pitié du Ciel,
j’ai, pour moi seul, tout le jardin.

Si, comme Alexandre, tu prétends à la vie éternelle, cherche-la sur les lèvres roses de cette ravissante beauté.

Rien n’est meilleur que le plaisir, fête au jardin, le vin, les roses
Où est passé notre serveur? Il tarde à venir. Qu’attend-il? »

Hafez (~1325-~1390 ) ghazel extrait du Divan